Si la Terre était d'une rondeur parfaite, la valeur de l'accélération de la pesanteur (g) serait partout la même (9,8072467 mètres par seconde au carré et des poussières). Mais voilà, la surface de notre belle planète est pleine de défauts et d'aspérités.
Pour commencer, elle tourne sur elle-même et ce mouvement perpétuel de rotation a pour effet de l'aplatir au niveau de ses pôles. Il y a aussi les montagnes ainsi que les fosses et les dorsales océaniques, sans oublier la distribution irrégulière de sa masse interne. Enfin, la présence de grands réservoirs d'eau (lacs, mers intérieures) et l'action des marées achèvent de «cabosser» notre globe terrestre.
Au dix mille milliardième près
Résultat: la force qui colle irrésistiblement nos pieds au sol et nous empêche de flotter dans le vide, n'est pas la même en tout point. Même si les différences sont minimes, on ne pèse pas le même poids selon que l'on se trouve au pôle Nord ou à l'Équateur, au sommet de l'Éverest ou sur les rives du Jourdain, à 300 m sous le niveau de la mer…
Pour mesurer au dix mille milliardième près et en 3D ces infimes variations de la gravité terrestre, l'Agence spatiale européenne a lancé, il y a deux ans, un satellite étonnant, Goce, dont une deuxième salve de résultats a été présentée vendredi et jeudi à l'université technique de Munich.
Dotée de six accéléromètres ultrasensibles conçus par les ingénieurs de Thales Alenia Space à Cannes, cette petite sonde de 1100 kg, en forme de torpille qui suit une orbite très basse de 255 km d'altitude (ce qui est très peu pour un satellite), vient de fournir aux scientifiques le «géoïde» le plus précis jamais obtenu à ce jour.
Ce terme jargonneux désigne la forme théorique qu'aurait la Terre au centimètre près, compte tenu des microvariations de g, si les océans étaient parfaitement immobiles. Autrement dit, s'il n'y avait ni vents ni courants, ni vagues, ni marées. Sur chacun des points du géoïde, en effet, la gravité est la même, du coup, une balle imaginaire située sur une «bosse» ne roulerait pas dans un «creux» adjacent.